Cela fait maintenant 6 mois que quasiment tous les jours, sur le soir après les consultations je sors avec mon saladier et mon couteau faire la cueillette de la salade du soir. Et j’ai envie de partager mon expérience même si j’avoue n’avoir pas pris le temps de faire les monographies que je comptais faire au fur et à mesure de mes trouvailles.
D’abord la cueillette :
Un moment de promenade rapide (10/15 minutes) mais un concentré de tranquillité et de méditation extraordinaire.
– Cueillir chaque petite feuille avec précaution en faisant comme la chèvre qui coupe la feuille et en laisse un bout, pour que la plante puisse se régénérer (et même j’ai vu que cà la stimulait !), ne cueillir que le plus tendre et avec attention pour ne rien prendre qui ne soit nécessaire et ne pas avoir à trier de nouveau.
– Au fur et à mesure des jours, sur ce petit circuit d’à peine trois cent mètres qui suffit amplement pour une salade pour trois ou quatre, découvrir ce qui se cache derrière le vert de l’herbe, constater au fil de évolution de la saison, la croissance, la disparition puis la renaissance d’une espèce de plante à la faveur d’une pluie.
– Chaque soir, ce sont 20 à 40 espèces qui s’invitent dans la salade dont certaines étaient pour moi jusque là des mauvaises herbes qui envahissaient mon jardin (chénopode, amarante verte..)
– Le jardin est vu différemment en aucun cas il ne doit contenir que ce que j’y ai mis, j’ai laissé poussé cet été dans tous les sens et découvert une écologie complexe que je ne dois plus contrôler, mais juste orienter ...
– Juste un petit coup de mou au moment de la sècheresse et de la canicule de cet été où la dureté des végétaux était quand même de mise, d’où l’intérêt d’envisager d’arroser le coin de pelouse le plus riche en variétés pour assurer en ces périodes .... et de regarder alors dans les arbres (jeunes feuilles de frêne par exemple).
A chaque pas une reconnaissance infinie se dégage pour cette manne végétale dont je me demande vraiment comment on fait sociétalement pour passer à côté !!
La découpe :
Faire de petites lamelles avec les feuilles et fleurs trouvées pour rendre le mélange onctueux. repasser encore une fois la plante en conscience pour à nouveau constater la variété : pissenlit feuille et fleur, plantain feuille et fleur (a gout de champignon !), achillée, lierre terrestre, fleur de silène, pourpier, sauge, oseille sauvage et cultivée, mauve feuilles et fleurs, oxalis, fleur mâles de citrouilles, consoude, bourrache, livèche, ortie, menthe, fleur de marguerite, etc. Et alors des odeurs fines, douces, amères, fortes ... se dégagent de la coupe, un repas avant le repas ...
La dégustation !
Un petit peu d’huile et de vinaigre, une pincée de levure ou de spiruline, éventuellement quelques miettes de thon et... c’est parti pour un moment de jubilation. Si on ne visualise pas toujours ce qu’est une nourriture vide d’énergie par rapport à une pleine d’énergie ...alors ici, il n’y a pas photo !!! L’absorption de chaque fourchettée de salade est unique, il n’y en a pas deux pareilles, à chaque bouchée on se sent remplir de saveurs, de textures, de couleurs et d’énergie, chacune ses minéraux différents, tous frais cueillis. Surtout plein d’énergie, chaque bouchée est ronde et une petite assiette le soir (et sans pain ...) suffit à éprouver une satiété correcte et deux assiettes font de vous le pacha heureux de son repas .... repus et ...léger !
Conclusion :
Emphatique ? Essayez tout simplement.
Comme on résume dans les recettes de cuisine :
– Pour une salade pour 4 :
– temps d’acquisition des ingrédients 15 mn maximum
– temps de préparation : 15 mn maximum
– Cout : voisin du zéro absolu, voire je dirai que çà rapporte ; pas de l’argent bien sûr mais çà redonne un petit gout d’autonomie et de réappropriation de sa nourriture ....
Il ne me reste qu’à me préparer à quand même trouver mon bonheur en hiver .... je vous raconterai alors le printemps prochain si je trouve assez ou différent (les racines ?).
Ci dessus une fleur mâle de courgette, délicieuse et colorée, mais notez les mauvaises herbes entre les tiges de courgette : de l’amarante verte et du chénopode .... deux pourvoyeurs de feuilles et de graines en quantité, alors peut être les laisser tranquilles pour qu’ils arrivent à maturité plutôt que de les arracher ? |