Marécages, étangs, marais, tourbières et autres trous d’eau glauque se trouvent bouchés, asséchés, assainis disent ils, et avec eux toutes les formes de vie qui y sont liées, sans compter les pertes hydriques que cela entraîne.
On nous dit qu’il faut assécher les zones humides pour éviter la prolifération des moustiques, mais il faut savoir que que cela coûte 5 fois plus cher de détruire les zones humides que de les protéger.
Tourbières, lacs d’altitude, bras morts de rivières, mares, étangs, prairies humides, marais, forêts alluviales, ripisylves et lagunes nous rendent d’énormes services écologiques.
Nous en avons détruit la moitié d’entre elles au cours du XXème siècle.
En cause, l’urbanisation forcenée et les routes, l’intensification de l’agriculture et de la production forestière, les aménagements de cours d’eau et portuaire, le prélèvement d’eau et l’extraction des minéraux.
Or, les zones humides nous offrent de très nombreux services gratuits, elles absorbent les eaux de pluies et limitent les crues des cours d’eau et, lorsque l’eau vient à manquer, elles soutiennent l’étiage en restituant aux rivières une partie de ce qu’elles avaient absorbés. De plus, elles favorisent l’infiltration vers les nappes phréatiques tout en piégeant 30% du CO2 grâce à leur végétation, et, en absorbant jusqu’à 16% de l’azote, elles contribuent à l’amélioration de la qualité de l’eau.
Une zone humide attire de nombreux êtres vivants, des oiseaux (50% des espèces), des reptiles, des poissons, des batraciens (100% des espèces), des végétaux endémiques, des odonates,....30% de ces espèces sont rares et menacées par les activités humaines.
Grâce aux limons déposés par les crues des rivières, les zones humides sont des zones hyper riches pour l’agriculture raisonnée, pâturages, foin, bois de chauffe et de construction, haies fruitières et mellifères,... Le fait qu’elles nettoient les eaux permet une captage d’une eau naturellement saine après infiltration dans les sous-sols. Ces zones humides sont en plus nos meilleures alliées pour contenir les inondations que nous connaissons de plus en plus de l’automne au printemps et qui coûtent des millions d’euros aux contribuables que nous sommes. Avec des zones humides restaurées et protégées, plus de dépenses d’argent et d’énergie en drains, digues et remblais.
Voila pour les généralités. Attaquons nous maintenant à ce que chacun d’entre nous peut créer en terme de zones humides. Leurs nombres et leurs tailles dépendront de la taille du terrain que l’on occupe.
Quel matériel prévoir :
– Des bêches
– Des pelles,
– Des pioches et de houes,
– Un mètre-ruban,
– Des grosses pierres, du bois mort et des souches,
– De l’argile ou de la bâche pour bassin,
– Du sable ou un feutre géotextile,
– Des muscles,
– De la patience
– Et de l’imagination,
– Une bande de potes jeunes, en bonne santé et plein d’entrain,
– Des caisses de bières.
Quelles zones humides implanter sur son terrain ?
1 Un mini marécage
Incroyable réservoir de biodiversité, un mini-marécage est quelque chose de facile et assez rapide à réaliser.
Prévoyez une surface minimale d’1 m² car moins, il s’assécherait trop rapidement et vos efforts auront été vains.
Vous aurez globalement besoin des mêmes matériaux que pour le « pondoir » à batraciens.
Comment procéder ?
Commencez par décaper la terre en conservant de côtés la végétation.
Creusez un trou de 40 à 70cm.
Etanchéifiez avec de l’argile ou une bâche de bassin.
Remplissez avec la terre que vous avez extraite et remettez la couche superficielle sur le dessus.
Pour l’eau, vous attendrez qu’il pleuve. Vous pouvez utiliser la pente de votre terrain, le trop plein de vos cuves de récupération d’eau de pluie voire même construire une petite structure près de votre marécage avec un toit qui déversera l’eau directement dedans.
Plantez y de l’Eupatoire chanvrine, de l’iris des marais, du Caltha palustris ,etc, etc, etc,...... et si vous disposez de tourbe et de sphaigne, pourquoi ne pas essayer de faire également une mi-tourbière dans laquelle vous implanterez des carnivores (Drosera) ?
2 Des mares et des bassins
Qui n’a pas rêvé un jour d’un plan d’eau chez lui ?
Petits ou grands, ils invitent à la flânerie et à la rêverie.
Un havre de paix et de tranquillité ou les 5 sens sont sollicités.
Insectes, plantes, batraciens, poissons. Il y a toujours profusion de vie dans et autour de l’eau.
L’eau est source de vie.
Avant même de commencer votre bassin/mare/étang, prenez le temps de la réflexion et essayez de visualiser votre futur aménagement.
La précipitation dans ce type de réalisation est souvent source d’échecs cuisants.
Ou placer votre/vos bassin(s)/mare(s)/étang(s) naturel ?
L’emplacement de votre point d’eau devra être l’objet d’une mure réflexion.
Votre terrain est en pente ? Vous avez des zones ombragées ou qui le seront dans un avenir plus ou moins proche car vous avez/voulez planter des arbres ? Votre terrain est petit ? Grand ? Vous souhaitez faire un réseau de marécages, bassins et mares ?
Vous seul pouvez répondre à ces questions.
Choisissez donc des emplacements à mi-ombre (une partie au soleil et une partie à l’ombre ou l’ensemble sous une ombre diffuse) et plutôt au bas d’une pente ou dans un creux naturel du terrain.
Comment procéder ?
La première des choses à faire est de dessiner le contour de votre bassin au sol. Vous pouvez le marquer avec des piquets de différentes couleurs (une couleur par niveau de profondeur), avec de la ficelle, un tuyau d’arrosage posé au sol, des pierres, des rondins de bois, etc, etc,....
N’oubliez pas qu’une forme sinueuse avec des pleins et des déliés sera plus difficile à réaliser mais qu’il sera plus esthétique (et oui, ça compte aussi), plus naturels, créera plus de micro-climats (effet de bordure) et offrira plus d’opportunité à la vie de s’y installer et s’y développer en toute sécurité et toute quiétude.
Une fois que vous avez déterminé la forme de votre bassin, commencez par « décaper » la couche superficielle du sol (10 à 15 cm) que vous réserverez sur un côté.
Ensuite, il ne vous reste plus qu’à creuser. Le premier niveau devra être d’une hauteur de 10 à 15 cm et en pente douce de façon à ce que la faune puissent y entrer et en ressortir sans problèmes, un rebord trop abrupt étant une barrière infranchissable pour eux. Ensuite, prévoyez différents niveaux de plus ou moins 40cm chacun et faîtes des paliers, des marches d’une trentaine de centimètres de large chacune.
Pour être résilient, résistant à l’évaporation estivale et au gel hivernal et donc assurer une zone de vie à l’année pour la faune, le centre de votre point d’eau devra être au minimum d’ 1,30m au plus profond pour une surface minimale d’1m².
Si votre terrain est en pente, pensez à faire un débord permettant l’évacuation de l’eau, qui sera l’occasion d’y faire un mini marécage ou un écoulement pour aller remplir un autre bassin situé en contrebas.
Votre trou est enfin fini, à quoi penser et comment l’étanchéifier ?
Deux solutions s’offrent à vous pour l’étanchéification de votre point d’eau : argile naturelle ou bâche plastique du commerce.
Si vous avez la chance et/ou les moyens d’obtenir de l’argile, de la marne ou de la bendonite, privilégiez ce moyen car il est naturel, résilient et durable.
Il faudra à ce moment la recreuser chaque niveau de 20 à 30 centimètre, car c’est l’épaisseur nécessaire d’argile à apporter pour une bonne étanchéité.
Cette argile, légèrement humide, sera damée avec force et vigueur.
N’hésitez pas à lisser l’ouvrage au fur et à mesure de sa construction avec de l’eau de façon à lier l’argile et d’éviter tous les risque de fuites.
Sur le/les niveaux les plus élevés, disposez des grosses pierres, elles capteront les rayons du soleil et chaufferont l’eau plus rapidement. Au niveau le plus profond placez des branches ou des souches de façon à ce que la faune aquatique (poissons si vous faîtes un bassin ornemental) puisse s’y réfugier en cas d’attaques de prédateurs.
Mettez en eau rapidement avec de l’eau de pluie uniquement (l’eau du robinet peut contenir des produits souvent toxiques, des métaux lourds et autres saloperies qui nuiront fatalement à l’accueil de la vie dans votre bassin).
Si vous ne pouvez faire autrement que d’utiliser une bâche du commerce, il vous faudra prendre quelques mesures supplémentaires avant de la poser.
Tout d’abord, s’assurer qu’il n’y ait pas de petits cailloux qui risqueraient de percer la bâche au moment ou après sa mise en eau. Pour cela il vous faudra ratisser consciencieusement toute la surface du trou et retirer tous les cailloux que vous trouverez.
Mesurez à l’aide du mètre ruban la longueur et la largeur de votre bassin en le posant au sol et en veillant à ce qu’il épouse tous les contours de votre ouvrage. A ces mesures rajouter environ 50cm de chaque côté.
Il vous faudra ensuite poser un feutre géotextile (même mesure que pour la bâche) ou, mieux, une couche de sable fin d’environ 5 centimètres.
Posez la bâche au dessus du trou (c’est volumineux, lourd et galère) en veillant à ce qu’elle soit bien centrée par rapport à votre trou.
Mettez en eau en essayant au maximum de commencer à déverser l’eau au centre du bassin de façon à ce que la bâche épouse le plus parfaitement possible les formes de votre bassin en faisant le moins de plis possible. Ne vous prenez pas trop la tête, il y aura toujours des plis disgracieux mais ceux-ci ne se verront plus une fois que l’eau aura rempli votre bassin et que la végétation se sera installée.
Vous pourrez, là aussi, disposer dans les mêmes conditions que pour une mare en argile vos pierres et vos souches sous conditions qu’elles ne puissent pas percer la bâche.
Lorsque votre bassin/mare/étang sera bien installé depuis quelques mois vous pourrez commencez les plantations. Privilégiez les plantations dans des paniers plastiques percés ou dans des pots/jardinières en terre cuite.
Faîtes le tour des mares et étangs de votre région et récupérez quelques petits bocaux d’eau et un peu de vase, de cette manière vous inséminerez votre point d’eau en micro-organismes aquatiques.
La faune sauvage viendra rapidement d’elle-même profiter du havre que vous lui aurez bâti.
Conseils et points importants
Ne mettez pas de poissons dans vos bassin, car ils sont des prédateurs des insectes et têtards.
Si toutefois vous souhaitez des poissons d’ornement de type poissons rouges, ides mélanote, shubukin ou autres, prévoir un bassin spécialement pour eux et, si vous réaliser sur votre terrain en pente une série de bassins reliés entre eux, ne placez les poissons que dans le bassin situé au point le plus bas en veillant bien à ce que les œufs, les alevins ou les adultes ne puissent pas s’échapper dans la nature.
Pensez à « nettoyer » vos bassins tous les 3/6 ans plutôt en été, l’eau et plus chaude et la vie est au ralentie, en enlevant une bonne partie de la vase issue de la décomposition des végétaux et des feuilles mortes. Pour ce faire, avec une pompe, vider dans des cuves/tonneaux une partie de l’eau, descendez dans le bassin (vous me remercierez à ce moment là de vous avoir dit de faire des marches, c’est plus pratique pour descendre et on risque moins de glisser et de se casser la margoulette), videz une partie de la vase, elle vous servira de compost pour vos légumes, fruits, fleurs. Une fois fini, remettez l’eau ;)
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N’oubliez pas de mettre de petits fagots de bois (branchettes) en bordure de vos points d’eau qui seront en partie immergés. Les abeilles viendront s’y poser afin de s’abreuver.
3 Des îles flottantes
Bon là j’entends déjà tous les gourmands qui se pourlèchent les babines et tous les autres qui se demandent ce qu’une recette de cuisine vient faire dans un article consacré à la création de zones naturelles pour les animaux et plus particulièrement de zones humides.
Il ne s’agit pas ici des célèbres îles flottantes à base de blanc d’oeufs battus en neige mais plutôt de radeaux flottant à implanter sur vos points d’eau du moment qu’ils ont une superficie suffisante.
Pour ceux qui possèdent des grands points d’eau et qui ont des poissons (d’ornement ou de « rapport »), il peut être intéressant de fabriquer des radeaux végétalisés flottants qui serviront de refuges, d’ombrage et de frayères à vos petits amis à écailles et nageoires, tout en permettant d’épurer les eaux pour peu qu’elles en aient besoin.
Comment procéder ?
Tout d’abord, il faudra fabriquer une structure en bois léger (palettes non traitées et assemblées entre elles) munie de flotteurs de type flotteur en liège ou bouée de bateau que vous disposerez sous la structure.
Un rebord d’une quinzaine de centimètre sera cloué autour de la structure, une nappe en géotextile coco (par exemple) sera posée et le tout sera rempli d’un mélange de terre argileuse, de compost, de tourbe et/ou de vase.
Dans ce mélange vous installerez des plantes hélophytes (plantes aquatiques dont les bases des tiges son non immergées) telles des Phragmites, Massettes, Joncs, Roseaux, Glycéries, Scirpes, Iris des marais, Populage des marais, etc, etc,....
Comptez 5 plants au mètre².
Les plantes pousseront au dessus de votre île flottante tandis que les racines seront dans l’eau.
Il ne restera plus alors qu’à ancrer par une chaîne le radeau à un corps mort suffisamment lourd.
Pour un grand choix de plantes et pour en savoir plus sur les plantes aquatiques, je vous conseille de vous rendre sur le site de la Pépinière Aquatique d’Eric Lenoir (http://www.lapepiniereaquatique.com/).
Marc et Naomi pour les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d’Espoirs