Thanos Tsingos (1914-1965) est un peintre grec né à Eleusis à l’aube de la première grande guerre. Architecte de formation (Institut technologique d’Athènes, de 1931 à 1936), Thanos exercera d’abord cette profession en Grèce avant de s’engager dans l’armée en 1939. Dénoncé pour son activisme et ses opinions politiques, il est condamné à mort mais la sentence sera finalement commutée en peine d’emprisonnement puis abandonnée après la guerre. Après la seconde guerre mondiale il se rend au Brésil où il travaille sur les plans de la nouvelle capitale, Brasilia sous la recommandation de Le Corbusier.
En 1948 il s’installe à Paris où il devient propriétaire du théâtre de la Gaité-Montparnasse, qu’il achète avec sa femme Christine Mavraoïdj, actrice. Continuant de peindre, il réalise également des décors et costumes pour des pièces de Cocteau, Shaw ou Strindberg. Se consacrant définitivement à la peinture, il sera actif comme peintre dans la capitale de 1948 à 1964. Il expose pour la première fois en 1950 à la Galerie du Siècle, puis en 1953 au Studio Paul Facchetti ou encore à la Galerie Iris Clert à Paris en 1956. Le critique d’art Charles Estienne décrit son style comme « tachiste » (le tachisme est un style de peinture souvent assimilé à la tendance américaine de l’expressionnisme abstrait) :
« À mon sentiment d’aujourd’hui, Tsingos est parmi les cinq ou sept peintres dit tachistes qui comptent ».
Thanos Tsingos devant deux de ses toiles florales. Source : dp.iset.gr |
Souvent affilié à l’art informel ou à l’abstraction lyrique, il peint avec une grande violence de geste et la pâte devient une matière à pétrir. La texture riche en couleurs de ses peintures créée des surfaces pleines de tensions émotionnelles. Il finira par évoluer vers des formes plus évocatrices du réel notamment avec sa série sur les fleurs (plus de deux cent cinquante tableaux floraux). Les fleurs de Tsingos empreintes de poésies inspirèrent de nombreux peintres tels que Tancredi Parmeggiani pour sa série florale (Fleurs 101 % peintes par moi et par les autres). Son style audacieux n’était pas très apprécié en Grèce de son temps, et malgré sa productivité, il vendit peu de son vivant. Ce n’est qu’après sa mort qu’il devint populaire d’où le fait qu’il soit parfois qualifié d’artiste maudit. Plusieurs rétrospectives lui ont été dédiées : en 1965 à Athènes, en 1980 au Centre Pompidou, en 2005 au Centre Culturel d’Elefsina.
Outre ses tableaux de fleurs qui firent sa renommée, il peignit également des paysages, nature mortes et scènes de combat dans un style rigoureusement construit. Il fascina de nombreux artistes comme Braque, Atlan ou Poliakoff. Ses tableaux, à la peinture abondante et au caractère immédiat, se trouvent disséminés dans ses collections privées à Paris ainsi que d’autres grandes capitales européennes.