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Ficaire - 2

samedi 9 juillet 2016, par Thomas Oak

Quelques feuilles pas plus ou quelques fleurs tôt dans la saison.

 Famille des Ranunculaceae.
 Genre : Ranunculus (ou Ficaria !)
 Espèce : Ranunculus ficaria, ou Ficaria verna ....
 Noms vernaculaires : herbe aux hémorroïdes, herbe au fic, petite chélidoine, épinard du bûcheron, grenouillette...

Description

C’est une plante herbacée vivace, glabre. La souche très courte produit plusieurs tiges couchées ou dressées, creuses, charnues et luisantes, de 20 cm maximum, groupée en touffes, Elle pousse souvent sous forme de larges tapis.

Ses feuilles sont épaisses, alternes, au pétiole long et engainant, vert plus foncé au-dessus, parfois veinées de rouge violacé ; elles sont crénelées et ont une forme de cœur renversé.

Ses fleurs sont en forme d’étoiles, jaune d’or très brillant sur le dessus et verdâtres sur le dessous, longuement pédonculées. Elles sont souvent stériles, la multiplication des plants se faisant grâce aux bulbilles situés à l’aisselle des feuilles (bourgeons axillaires) qui tombent à terre lorsque les feuilles fanent. Les racines présentent des tubercules en forme de figues d’ou le nom de la plante (figuier, ficus, ficaire...).

Habitat, culture

La ficaire pousse seule ou en tapis particulièrement dans les sous bois (humifères et humides) et les clairières où elle apparait avant les premières feuilles en fin d’hiver et profite ainsi des premiers rayons du soleil pour fleurir des les premiers rayons insistants du soleil et disparaît en juin quand le couvert est devenu sombre.

Fréquente en Europe et en Asie, elle a été importée en Amérique du nord où elle a tendance à envahir les sols et repousser des plantes locales endémiques.
En France, pas de problèmes, il est facile en hiver de déterrer une jeune pousse (dans un endroit autorisé et avec l’autorisation du propriétaire) et de la mettre en culture chez vous dans un pot, choisissez un endroit de mi ombre avec un sol assez humide et riche en humus (autour d’une flaque d’eau spontanée où l’eau de ruissellement accumule les débris végétaux par exemple.

Propriétés Médicinales de la ficaire

Les racines et bulbilles contiennent un calmant puissant, ramassés, séchés, pressés pour récupérer la sève alors mélangée à du saindoux, ils constitueraient une pommade efficace analgésique, anti-inflammatoire, décongestionnante et efficace contre les verrues. Je ne l’ai pas personnellement testée. Autrefois, en particulier les marins utilisaient ses feuilles pour lutter contre le scorbut car elles ont une grande teneur en vitamine C. Il a effectivement été prouvé que la saponine qu’elle contient permet de lutter contre les hémorroïdes et soulage aussi les jambes lourdes.

Utilisation dans la cuisine.

Si j’ai choisi cette plante pour ce numéro deux, c’est d’une part parce qu’il est de saison de se préoccuper d’elle maintenant et d’autre part qu’elle me semble emblématique du traitement global que notre société fait des plantes sauvages. L’idée globale véhiculée est que la nature est dangereuse et dans le cas d’espèce la ficaire, plante médicinale à la rigueur n’est en tout cas pas comestible et c’est ce que vous trouverez très fréquemment dans les livres et sur le net.

Pourtant, si l’on lit bien ce qui est dit généralement sur la plante, on se rend compte qu’avec précautions c’est une très bonne recrue pour notre repas.

Si elle a été appelée l’épinard des bucherons, c’est bien parce que ces gens là jadis vivant plusieurs jours d’affilée dans la forêt, l’on utilisée pour se nourrir, blanchie comme des feuilles d’épinard ou même en salade.

Si les marins abordaient les côtes pour la cueillir et la mélangeait à leur sel pour ne pas souffrir du scorbut (carence en vitamine C), c’est parce qu’elle vaut bien une orange à ce niveau.

Nous la retiendrons donc comme d’utilisation possible, et ses constituants nous donnent les limites :

 elle est d’autant plus chargée en composés toxiques que la saison est avancée et lorsque les bulbilles des feuilles sont là (mai en principe), il ne faut pas en cueillir, ce qui nous laisse de décembre à Mars/avril. C’est donc une plante d’hiver, au moment ou justement nous manquons de verdure et de vitamine C sauf à se supplémenter par des productions importées ou de la chimie de synthèse. Encore une fois la nature place autour de nous en temps opportun ce qui est bon pour nous.

 Une fois cueillie, à la lumière elle produit une substance âcre non comestible, on doit donc la cueillir, la conserver sans lumière et la déguster le plus rapidement possible, pas plus de quelques heures. Ou alors on la laisse sécher ce qui désactive le produit et on revient à une utilisation comme herbe de cuisine. La cuisson aussi désactive la protoanémonine.

Donc il est possible de l’inclure dans une salade en la cueillant très fraîche et en petite quantité, ce que de toutes façons nous conseillons pour toute plante ( il me semble important de mettre plus de 20 espèces de plantes dans une salade.). Certains incluent aussi quelques fleurs.

En cuisant les feuilles, elles devraient pouvoir avec d’autres plantes (silènes par exemple) rentrer dans toutes les recettes qui contiennent des épinards. Je ne l’ai personnellement pas essayé.

Les tubercules des racines cuite ou confites ont aussi été utilisée en cuisine.

Notre propos ici, dans le Cueilleur -Culteur est de vous inciter à vous pencher sur cette plante avec l’envie de la mettre dans vos plats en toute connaissance de cause et en tant qu’adulte responsable !

Constituants :
 Alcaloïdes : chélidonine et cholérythrine
 Saponosides triterpéniques : acide ficarique, ficarine, rhamnoglucoside d’hédéragénine (comme dans le lierre).
 Protoénamonine* (commune à toutes les renonculacées, irritante)
 Huile essentielle, Tanins
 Vitamine A, Vitamine C (surtout sommités fleuries)
* protoanémonine = substance irritante responsable de l’âcreté des renonculacées. Elle se forme à la lumière à partir d’un précurseur glycosidique. Le séchage la transforme en anémonine, laquelle est inactive. A fortes doses, elle provoque des contractions musculaires, des vomissements, des coliques sanglantes des troubles respiratoires et cardiaques et de l’hématurie (sang dans les urines) .


Voir en ligne : La ficaire sur Pixiflore ...


Des images en folie :
https://www.google.fr/search?q=Ficaire&client=firefox-b&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiw7PzVx-bNAhVMmBoKHei3CaQQ_AUICCgB&biw=1674&bih=938

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Ficaire
 http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-27842-synthese
 https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/98651
 http://grimoirescarnets.canalblog.com/archives/2012/10/03/25245056.html
 http://terredesherbes.over-blog.com/article-ficaire-carte-d-identite-70283296.html
http://yoann.hue.free.fr/ficaire.html
 http://garrigue-gourmande.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=10157:sortie-salades-sauvages2017&catid=501:balades&Itemid=501