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Hommes et plantes, cueilleurs de nature - 19

vendredi 10 juillet 2020, par Marc Linares

Tout 1er article d’une belle série de diapositives proposé par Marc Linares, passionné et fin observateur de la Nature et ses Trésors... !

Depuis toujours, l’espèce humaine et ses ancêtres se sont nourris, soignés, protégés, ont vécu grâce à la présence des plantes.

Durant la période préhistorique qui représente 99% de l’histoire totale du genre humain, nos anciens ont utilisé de tout temps, dans tout lieu les plantes sauvages. Il ne pouvait en être autrement. En effet, les plantes furent dés le départ notre principale subsistance, associé parfois au ramassage d’insectes, de larves ou de restes d’animaux.

Le règne végétal représentant 99,5% de la biomasse terrestre, il fut de ce fait la première source d’énergie utilisée par l’homme. De plus, malgré quelques moyens développés par certaines d’entres elles pour se protéger (amertume, toxicité, rudesse, etc) la plante est entièrement accessible et disponible en quantité, contrairement aux animaux qu’il faut chercher, poursuivre et tuer.
Durant le paléolithique, période de la pierre ancienne ou pierre taillée, évaluée entre 3MA avec l’apparition des premiers « hommes » et jusqu’à environ 12 000 ans (en fonction des régions du monde) nos ancêtres bénéficièrent de toute cette ressource alimentaire fournit par les plantes, leurs fruits, les racines, les jeunes pousses, les fleurs et éventuellement les écorces de certaines essences.

Toutefois ces divers aliments laissent peu de traces dans les gisements préhistoriques. De plus ces produits de la collecte furent variés selon les environnements et les périodes. Néanmoins quelques gisements confirment une alimentation omnivore : graines de micocoulier dont les drupes sont comestibles (Tautavel, au Lazaret …), dans d’autres sites différents noyaux, des vesces et des pépins de raisins calcinés, des coquilles de noix et de noisettes. Ce n’est qu’au Néolithique, âge de la pierre polie, qu’apparaissent des graines de céréales diverses ainsi qu’un aspect lustré des outils de silex.
L’apparition de l’agriculture durant la période néolithique marque un tournant majeur pour l’espèce humaine. Selon Darwin, celle-ci a pu naître de l’observation de tas de détritus ou l’on jetait les restes des plantes collectés dans la nature. Cette sédentarisation des divers groupes humains a entraîné une explosion démographique de notre espèce avec son lot d’avantages (sécurité accrue, protection contre les éléments naturels, pas ou peu de disette ou famine, etc) mais aussi de nombreux conflits territoriaux entre les différentes « sociétés » humaines. Cela continue !

Avec la culture des plantes et l’élevage des animaux, ces sociétés humaines quittent partiellement l’état de prédatrices trouvant leur subsistance dans la nature par la chasse et la cueillette pour passer à celui de productrices, cultivant (céréales et légumineuses principalement) et élevant leur nourriture.

Un peu plus tard

Au moyen-âge les conflits territoriaux se poursuivent, les inégalités s’accentuent au sein même de la société humaine. D’un côté les paysans, ces travailleurs de la terre cultivent diverses céréales pour la fabrication du pain, des légumineuses (fèves, haricots) , des racines (navets, carottes) et mais aussi des légumes verts (salades, choux) agrémenté parfois de quelques viandes. Les caprices du temps, les disettes ou autres famines les obligent à puiser dans la nature quelques autres subsistances nécessaires à leur suivie. Ce peut être quelques lapins, quelques menus oiseaux mais aussi quelques plantes sauvages ramassées (ortie par exemple).
Quand aux « seigneurs » la viande demeure prioritaire dans chaque repas ainsi que divers autres aliments relevés d’épices, qui constituent un critère de distinction sociale.
Cette « distinction » s’applique aussi aux remèdes du peuple à base de plantes sauvages, les simples pour les plus pauvres, et une médecine des riches qui a recours aux drogues exotiques (épices, aromates, résines).

De nos jours

Le 20ème siècle connu plusieurs conflits mondiaux. Bien souvent comme par le passé l’utilisation des plantes sauvages permis dans nos campagnes de remplacer certains produits manquant (le café par de la farine de glands torréfié, du thé par de la « tisane » d’aigremoine ou d’épilobes), et de compléter son alimentation par des cueillettes de salades sauvages.
Ce siècle vit disparaitre le métier d’herboriste, métier lien entre l’homme et son environnement qui permettait à des marchands droguistes de s’accorder quelques revenus en vendant des remèdes dans les villes proches et lointaines. Ce diplôme d’herboriste fût supprimé en 1941 par le régime de Vichy.
Toutefois, après la deuxième guerre mondiale le développement des industries pharmaceutiques et cosmétiques principalement vont entrainer un regain pour la pratique de la cueillette des plantes sauvages. Malheureusement cette pratique commerciale et compétitive va bien souvent privilégier la quantité à la qualité. L’arrivée des molécules de synthèse parachèvera à la fin des années 1980 l’extinction des cueillettes marchandes.
Néanmoins je me rappelle : j’avais 10ans et j’allais avec ma Mémé ramasser des plantes au bord des chemins du village et dans les champs ou nous habitions, Peipin dans les « Basses-Alpes ». Nous remplissions, ou plutôt elle remplissait un grand sac de plantes et de salades qu’elle rapportait, posé sur sa tête à la maison. Puis dans la cuisine elle triait sa cueillette : une partie pour les lapins, l’autre partie pour nous. C’était il y a 50 ans !

En ce 21ème siècle ces « mauvaises herbes » deviennent aussi des produits du terroir, des éléments d’un patrimoine naturel retrouvé, fleurissant les étals des rayons de certains magasins dans les domaines gastronomiques ou diététiques. Certes pas pour tous, pas pour tout. N’avons-nous pas toujours ce réflexe humain dans le classement des choses, le bon et le mauvais, l’utile et l’inutile, le nuisible !
Alors nous cueillons, ou plutôt nous découvrons, nous cherchons, nous sentons, nous touchons, nous goûtons ces plantes qui nous sont proches et sur lesquelles d’autres marchent. Leurs qualités nutritives et gustatives nous surprennent, nous interrogent.
A travers ces gestes simples du cueilleur, nous retrouvons nos racines, nous prenons le temps, nous renouons des liens avec la nature qui nous est souvent étrangère. Ces cueillettes loisir témoignent d’un enthousiasme débordant et sincère pour le végétal et ses usages populaires.
Les cueilleurs doivent être ces nouveaux guides vers des pratiques respectueuses de l’environnement, vers de nouvelles alternatives plus saines, plus écologiques, plus conviviales, plus humaine.

Notre époque sait convertir ce qui était corvée et effort en plaisir et loisir, ce qui était pitance herbeuse en nourriture voluptueuse (Lieutaghi 2004).

Marc Linares - avril 2020

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