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Créer des Habitats pour la Faune Sauvage #1

jeudi 25 juin 2020, par ValéRie Ferrand

L’hyper simplification de l’environnement (agriculture intensive, gazons stériles, pesticides, fauches communales, destruction des haies, drainage des zones humides, artificialisation des sols,....) est la cause principale de terrible effondrement de la biodiversité que nous connaissons à l’heure actuelle.

Vous rêvez de protéger la Nature des déprédations humaines et de sa destruction quotidienne ?
Vous ne savez plus vers quel saint vous tourner pour faire cesser la destruction des zones sauvages et notamment des zones humides ?
Vous êtes horrifiés, horripilés par la destruction du vivant ?
Vous aimez tous les animaux, petits et grands, sans exceptions ?
Vous possédez un jardin, un petit bout de terrain, un champ, une prairie ou une forêt ?
Alors pour quoi ne pas installer chez vous les biotopes nécessaires à la survie de certains ?
Alors pourquoi ne pas installer chez vous des nichoirs pour les oiseaux ?
Alors pourquoi ne pas installer chez vous des zones de repos, d’hivernage et de reproduction pour les insectes, les micro mammifères, les chauve-souris ou les batraciens ?
Vous ne savez pas comment faire ?
Vous êtes plein de bonnes volontés et avez déjà essayé à maintes reprises sans arriver à un résultat satisfaisant ?

Pas de panique !

Voici des méthodes simples et peu onéreuses pour créer des aire de ponte, de nourriture, de repos et d’hibernation pour la faune sauvage.

1 UN LIEU DE PONTE POUR LES BATRACIENS

Au plus tôt à fin Février, sinon en Mars, c’est le moment que choisissent la plupart des batraciens de nos régions pour sortir d’hibernation et aller se chercher un lieu propice afin d’y trouver un ou une partenaire sexuel.
Bien que chaque espèce ait ses habitudes propres, on peut néanmoins remarquer un goût commun pour certaines configurations de points d’eau.

Les activités humaines nuisent, et de plus en plus, grandement à ces biotopes si fragiles qui deviennent de plus en plus rares et de plus en plus pollués (produits issus de la chimie de synthèse, perturbateurs endocriniens, oestrogènes, et d’autres encore, tous, pénètrent dans leurs organismes au travers de leurs épidermes) sans compter les roues des voitures qui les écrabouillent chaque soir, les routes ayant la mauvaise idée d’être placées entre leurs lieux d’hibernation et leurs lieux de reproduction.

Pour rappel, il est strictement interdit de déplacer adultes, œufs et têtards car tous les batraciens en France sont des espèces protégées et tous sont peu ou prou menacés de disparition. Malgré cela, il est parfaitement possible, pour des raisons purement économiques, de détruire légalement leurs zones d’habitation et donc des biotopes humides entiers. Les non-sens de la loi sont nombreux.
Mais, de la même manière, il n’est absolument pas interdit de créer, d’aménager, chez soi, des aires qui leur seront attractive et favorables pour la procréation.
Grenouilles, crapauds, tritons et salamandres sont des maillons essentiels de la chaîne alimentaire et des écosystèmes et même lorsque l’on ne sait pas, lorsque l’on ne connaît pas le rôle joué par telle ou telle espèce, il suffit de se dire que chaque espèce a son utilité et le droit de vivre.
Comme le dit si bien Aurélien Barrau « La vie vaut pour elle-même.

L’idéal, pour aménager des lieux de ponte, est de créer des espaces de façon naturelle, dans une terre bien argileuse qui garde l’eau longtemps. Si la terre sur laquelle nous voulons installer cette zone n’est pas argileuse et ne garde pas l’eau, alors on peut se rabattre sur de la bâche à bassin pour étanchéifier la zone. Ainsi, l’eau restera, les adultes viendront, la ponte aura lieu, les têtards pourront grandir, se développer et se métamorphoser et, ensuite, migrer vers les lieux de vie (bois, fossés, étangs, vieilles pierres,...) propices à l’espèce à laquelle ils appartiennent.

Voyons voir maintenant comment procéder

 A _ Créer un espace peu profond (50cm) en pente douce et végétalisée

Avec une profondeur de 50cm au plus profond, les têtards auront suffisamment d’eau jusqu’à la fin de leur métamorphose dans la plupart des régions de France. En cas de très fortes chaleurs et d’évaporation excessive, faire un appoint en eau de pluie, car il leur suffit de trempouiller.

C’est bien sur la zone la moins profonde qui sera la plus utile au moment de la ponte car non seulement elle se réchauffe plus vite en début de saison mais, en plus, c’est elle qui accueille les herbiers permettant aux femelles d’accrocher leurs œufs et de les expulser plus facilement.

 B _ Végétaliser les pentes et constituer des herbiers.

Pour la constitution des herbiers, choisissez la simplicité, encore une fois.
Prenez juste les mottes d’herbes que vous avez enlevé en creusant le lieu de ponte, et placez les directement sur la pente douce avec les mottes de terre qui les accompagnent.
Si besoin, vous pouvez les stabiliser avec des graviers ou des cailloux non tranchants, of course..

Bien sur, la végétalisation peut être amélioré avec de vraies plantes aquatiques comme de la menthe aquatique, des salicaires, des carex, des acores, des iris pseudacorus, des phragmites et tant d’autres.
Des plantes oxygénantes viendront compléter les plantes de berges comme par exemple, des Hippuris, des Renoncules flammula et des potamots qui donneront, elles aussi, d’excellents résultats en meublant rapidement l’espace et en offrant un couvert protecteur aux jeunes batraciens après éclosion ainsi que de nombreuses possibilités de ressources alimentaires.

 C _ Quelle exposition et quelles précautions prendre ?

On créera le lieu de ponte de préférence dans un espace ensoleillé bénéficiant d’une zone de mi-ombre, certaines espèces les préférant.
Si votre frayère à batraciens est faîtes en continuation d’un bassin, d’une mare ou d’un étang, veillez à ce que les poissons ne puissent y venir sous peine de voir tous les têtards leur servir de nourriture.
Il existe de nombreuses possibilités pour séparés les 2 zones comme une digue de terre ou bien une zone de plantation dense de carex qui laisseront passer l’eau tout en bloquant les poissons.
Vous n’empêcherez jamais la prédation animale, les hérons, canards, couleuvres, dytiques, larves de libellules,..... viendront toujours prélever leur tribut sur les naissances mais, c’est aussi pour ces prédateurs que les batraciens sont utiles.
La biodiversité c’est aussi ça.

2 DES ABRIS POUR LES ABEILLES SAUVAGES SOLITAIRES

Les arthropodes en général sont en voie de disparition. En quelques décennies ce sont 75% d’entre eux qui ont disparus.
En cause, toujours les pesticides et la destruction des écosystèmes dans lesquels ils vivent.
A notre petite échelle, chacun dans notre coin, nous pouvons recréer des habitats, des refuges, des lieux d’hibernation et de reproduction pour eux.
Et cela à moindre coup.
C’est une activité ludique que l’on peut pratiquer avec les enfants et qui ne nécessite que peu de compétences, très peu de matériaux et donc à moindre frais.
Une chose importante, toujours choisir des matériaux sains, naturels et local (qui proviennent de notre environnement proche).

Pourquoi les protéger ? Déjà, il faut être bien conscient que les insectes sont les principaux artisans,.....Non..... les artistes de la pollinisation des plantes (d’ornements, légumières ou fruitières), ainsi que de la dispersion d’un certain nombre de graines. Ce que l’on appelle l’entomochorie.
Ensuite, un bon nombre d’entre eux régulent les ravageurs de nos cultures. Ils sont également une source de nourriture pour les oiseaux (eux aussi en voie de disparition aggravée).
Et, pour finir, juste parce qu’ils ont le droit de vivre.
Chaque être vivant a une place bien spéciale dans l’équilibre de la vie et dans la chaîne alimentaire. Il suffit qu’un seul maillon disparaisse pour que tout le complexe et fragile équilibre d’un écosystème s’effondre irrémédiablement.

Ils ont tous des besoins et des habitudes bien spécifiques et c’est pourquoi nous ne recommanderons pas la construction d’un hôtel à insectes, sorte de building dans lequel règne la promiscuité et ou des prédateurs peuvent se retrouver à côtés de leurs proies. L’idéal étant de créer de nombreuses petites zones afin de les accueillir et de répondre de manière optimale à leurs besoins.

Parmi ces nombreux insectes, nous allons vous donner les moyens d’abriter chez vous des abeilles solitaires (qui vivent seules et n’apprécient pas la promiscuité), caulicoles, rubicoles, xylicoles, des abeilles terricoles.

 A _ LES ABEILLES SOLITAIRES HORS SOL

Ce sont des abeilles qui vivent « hors sol », elles représentent peu ou prou 30% des abeilles sauvages.
Elles utilisent du bois mort (abeilles xylicoles), des tiges de bois creux comme les ombellifères et les roseaux (abeilles caulicoles), des tiges à moelle comme la ronce, le sureau, le fusain (abeilles rubicoles) ou bien encore des fissures dans les pierres.
Parmi ces abeilles on trouve les abeilles maçonnes (Osmia cornuta) qui utilisent de la boue pour façonner la structure inter de leur habitat et boucher l’entrée du nid, les abeilles tapissières (Megachile rotundata) qui utilisent des feuilles dures de type rosier, les abeilles charpentières ou perce-bois (Xylocopa violacea) qui ont besoin de bois mort pour creuser des tunnels et galeries, jusqu’à 30cm de long, des abeilles cotonnières (Anthidium manicatum) qui nécessitent des plantes où elles peuvent récolter des fibres pour isoler leurs cocons bloquer l’entrée des tunnels, des abeilles résines (Hériades truncorum) utilisant la résine des sapins qu’elles combinent avec des petits cailloux pour bloquer les entrées des tunnels.

Matériaux nécessaires pour leur bien-être et process pour les abeilles xylicoles

Des bûches de bois dur (chêne, châtaignier, charme), pas de bois blanc ou résineux qui gonflent à l’humidité, de 10cm de long pour 15cm de diamètre,
Une perceuse avec différents forêts (jusqu’à 15mm),
De la ficelle ou du fil de fer,
Des planches de bois et des vis si vous souhaitez accrocher les abris,
De la terre argileuse.
Il suffit maintenant de percer des trous de différents diamètre dans chacune des bûches que vous avez à votre disposition. Les trous ne doivent jamais traverser le rondin de bois.
Les rondins doivent être placés en hauteur, sur un tronc d’arbre, un mur ou tout autre support.
Pensez à protéger la bûche et l’entrée de celle-ci de la pluie avec un « petit toit ».
Placez la face percée des rondins au Sud Sud-Est, à l’abri du vent et de la pluie.
Laissez des tas d’argile à proximité.

Matériaux nécessaires pour leur bien-être et process pour les abeilles caulicoles et rubicoles

Des branches et tiges creuses de différents diamètres,
Des branches et tiges à moelle de différents diamètres,
Un sécateur,
De la ficelle,
De l’argile.

Il vous suffit maintenant de couper des tronçons d’environ 15cm de long et d’un diamètre intérieur compris entre 6 et 12mm.
Une fois ceci fait, liez des paquets de tiges avec la ficelle ou du fil de fer et bouchez une des extrémité avec de l’argile.
Il ne vous reste plus qu’à suspendre vos « paquets » de tiges un peu partout dans le jardin en prenant bien soin de les protéger de la pluie et dans les endroits les mieux (ou plus) ensoleillés.

 B _ LES ABEILLES SOLITAIRES TERRICOLES

Elles représentent 70% des abeilles sauvages solitaires.
Elles ont besoin d’un sol de préférence sableux dans lequel elles vont creuser des galeries et y pondre leurs oeufs. L’année suivante, lorsque le sol sera suffisamment réchauffé, les jeunes abeilles sortiront.
Ce type de sol ne se trouve pas partout et il faudra donc prévoir un aménagement particulier sur nos terrains : un sandarium

Matériaux nécessaires pour leur bien-être et process pour les abeilles terricoles

Une bêche et une pelle,
Des cailloux,
Du gravier,
Du sable grossier,
Des bûches de bois.
Choisir un endroit bien dégagé et ensoleillé.
Dans un premier temps, il vous faudra décaisser le sol sur un à trois mètres carré et sur une profondeur de 20 à 30 centimètres.
Le fond de la fosse sera garni de gros cailloux, par dessus lesquels viendront se positionner le gravier puis enfin le sable grossier.
Attention à ne pas employer de sable fin sous peine de voir les galeries s’effondrer.
Vous placerez tout autour de votre sandarium des rondins de bois afin de le localiser. Il ne faudra pas oublier de désherber régulièrement afin qu’il ne soit pas enfoui sous la végétation et il faudra veiller à ce que les animaux domestiques (de type félin ou canidé) ne viennent souiller de leurs excréments.

Végétaliser les abords des abris.

Fournir le gîte aux abeilles sauvages c’est bien, c’est même très bien. Mais ce n’est pas suffisant.
Comment ça pas suffisant ?
Et oui il faut aussi penser à leur offrir le couvert.
De quelle façon me direz vous ?
En laissant pousser les plantes sauvages auxquelles sont inféodées les abeilles sauvages et en plantant un maximum de plantes fleuries qui leur seront utiles.
Muscari d’Arménie, Pissenlit, Primevère officinale ou Coucou, Lamier blanc ou Ortie blanche, Campanule à clochette, Réséda sauvage, Luzerne, Oreille d’ours (Stachys), Mélilot, Sauge commune, Bourrache, Ciboulette, Grande lysimaque, Salicaire, Pois vivace, Bruyère commune, Lavande, Tanaisie, Séneçon, Cirses (chardon).
Certaines d’entre elles sont comestibles ou médicinales.
Plantez, semez, laissez pousser un peu partout près des abris et évitez les semis spontanés à l’intérieur du sandarium.
Grâce à nos/vos actions, nous laisserons notre empreinte sur la planète en lieu et place de béantes cicatrices.

Marc et Naomi pour les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d’Espoirs

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Sources  : Wikipédia, Encyclopédie Universalis, Sciences et Vie, Eric Lenoir et sa pépinière aquatique, Réseau Hortus, Hymenoptera le jardin écologique

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