Ce mois-ci, je glisse, je traine sur l’un des derniers numéros de « Nexus »… « Agriculture syntropique, vers une terre d’abondance » … en panne d’inspiration, avec la sensation de n’avoir rien à partager, aucune expérience riche et poussée à vous présenter, même un petit peu.
Ce mois-ci, j’ai seulement commencé tous plein de petits trucs, accumulé des départs d’expérience, glané des bribes d’infos ici et là.
Ce mois-ci j’ai juste commencé à :
• Garder et semer nos petites graines du quotidien
• Planter des arbres
• Couvrir les sols
• Garder l’herbe haute, mi-haute
• Couper, tailler, consciencieusement
• Garder, récupérer l’Eau
• Entrer en relation, oser aller à la Rencontre des Lieux.
Des petits Riens, ces essentiels, qui mis en pratique participent finalement et indéniablement à l’abondance de Vie !
Récolter la graine du quotidien
Il paraît que plusieurs tribus avaient depuis longtemps adopté une bien belle pratique… (Les gouvernements thaïlandais et malaisiens auraient eux aussi promu cette action auprès de tous ses citoyens durant ces dernières années.)
Dans ces tribus ils gardaient toutes les graines des fruits qu’ils consommaient dans un petit sac à leur côté. Pour leurs trajets quotidiens ils prenaient l’habitude d’emprunter toujours le même chemin. Et d’y semer tout le long sur le bord les graines récoltées. Avec les années, les arbres et végétaux poussaient, les nourrissaient, et bien plus. (1)
Depuis quelques temps j’ai donc commencé. Priver mes chevaux des trognons de pommes, les garder précieusement, les trier pour en extraire nos arbres du futur ? Choisir un chemin quotidien où les espérer s’épanouir ? Et attendre, espérer, souhaiter que ma fille ou les générations à venir puissent enfin savourer… Au départ l’idée me paraissait quelque peu saugrenue, comme des grains de temps perdus pour un futur très hasardeux… J’ai essayé. J’avoue que les chevaux n’ont pas eu l’air de noter le manque. Et moi, manger ma pomme en pensant à la belle récolte de pépins, prendre le temps (quelques secondes) de les délivrer délicatement, prendre soin de les conserver correctement (les faire sécher à l’air libre, au soleil de préférence) dans une jolie petite boite devenue enfin utile, m’a finalement permis de poser un autre regard. Trouver le chemin a été joyeusement facile ! Dans une allée de notre terrain, où nous aimerions voir pousser une longue haie, lentement marcher pour y laisser tomber les graines. Et le Cœur rempli de tendresse, leur souhaiter de retrouver Vie à ces petites graines chéries ! … Finalement jouer ! Que va-t-il pousser ici ? Quand verrais-je poindre un petit arbre ? Ces graines vont-elles nourrir d’autres vivants encore ou bel et bien se transformer pour fructifier ? Qui du cerisier ou du pommier trouvera ici sa place ?! Pleine de curiosité et d’amusement je continue à semer une part des fruits mangés, ne serait-ce que par reconnaissance d’avoir eu déjà de quoi profiter. Comme partager pour multiplier l’abondance.
Planter, pour ne pas rester planté
Pour les plus pressés, pour cueillir aussi les fruits dans un proche moment, planter des arbres déjà plus avancés est une autre expérience dans laquelle je me suis lancée. Un régal de le faire en famille, avec pleins de petites mains pour accueillir l’arbre et se réjouir pour les prochaines années à venir : cerises, prunes, figues, pommes, poires, ou abricots pour les grands classiques qui plaisent aux petits et grands ! Mais planter des arbres, beaucoup, variés et partout, c’est encore une étape de plus.
Sitôt arrivés dans un nouveau Lieu, sitôt planter ! |
Ce mois-ci j’ai découvert le formidable concept des « Haies fourragères ».
Intéressée d’abord pour mes Amis animaux, je comprends que planter des arbres a beaucoup d’autres intérêts, que ce soit dans les structures équines, élevages, agricultures de tout type, ou simple jardin, espace encore vert ou désireux de le devenir : brise vent, ombre, drainage du sol, infiltration de l’eau dans le sol, stabilisation du sol, création – développement de la biodiversité, production abondante de nourritures pour tous, bois de chauffage, BRF (couvre sol multi-services), fagots, manches à outils entre autres ... (2)
Alors sur le terrain où vivent mes chevaux, le long des clôtures qui séparent les parcelles, planter des haies, y refaire vivre des arbres aussi précieux que les grandes prairies, les herbages « tout propres » et coupés bien raz. Mes chevaux me l’ont d’ailleurs très vite montré : dans la prairie où pousse la nouvelle herbe de printemps bien verte, les arbres autour les ont tout autant attirés ! Et ici il est clair que la diversité aura la préférence ! Varier les espèces en présence, laisser chacun se développer pour leur permettre de se nourrir au gré de leurs besoins du moment. Car l’arbre est aussi bon médecin : pour les chevaux comme tout vivant, il sera un aliment médicament !
Les clôtures, les séparations de parcelles, sont l’occasion de laisser libre un espace, de préserver une zone où l’herbe restera haute, les graines du quotidien seront régulièrement semées et à l’automne toute une variété d’arbres fourragers plantés ! Aux endroits de cette allée où le sol a été mis à nu par de précédents usages, nous avons couvert avec du foin vieilli pour laisser ensuite la Nature agir. |
Ainsi parmi les arbres fourragers, dont on peut distribuer les branches, les feuilles et parfois les fruits, il est facilement reconnu de nombreux bénéfices, comme par exemple parmi les espèces connues utilisées fréquemment comme fourrage ligneux (3) :
• l’Argousier (Hippophae rhamnoides) : les fruits de l’argousier sont riches en vitamine C (15 fois plus qu’un citron), astringents et ont des propriétés vermifuges
• l’Aubépine (Crataegus mongyna, C. laevigata) : tonicardiaque et antispasmodique
• l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) : l’écorce est fébrifuge et tonique, les feuilles sont diurétiques et ont des propriétés vermifuges ; attention à la présence de tanins toutefois
• le Bouleau (Betulus alba)
• le Charme (Carpinus betulus) et bien entendu, les « charmilles » également
• le Frêne (Fraxinus excelsior, F. angustifolia) : c’est le fourrage ligneux le plus répandu en France ; les folioles ont une action antiradicalaire, anti-inflammatoire, diurétique, hypotenseuse, hypoglycémiante
• le Noisetier / coudrier (Corylus avellana) : les feuilles sont anti-inflammatoires et anti-œdémateuses. Les noisettes auraient des propriétés ténifuges… mais il est déconseillé de les donner entières !
• l’Orme champêtre (Ulmus minor, U. campestris) : l’écorce est stimulante, sudorifique, diurétique, résolutive, émolliente et astringente.
• les Peupliers (Populus nigra, P. alba), le Tremble (P. tremula) : Il semblerait que le fourrage de peupliers pourrait contenir plus de protéines et de minéraux que le maïs ! L’écorce, riche en salicine, est fébrifuge et tonique.
• le Poirier commun (Pyrus communis) : l’écorce est fébrifuge et astringente, les feuilles sont diurétiques et calmantes
• le Pommier sauvage (Malus sylvestris) : l’écorce est fébrifuge, astringente et tonique, les feuilles sont diurétiques
• les Saules (Salix sp.) : l’écorce contient de la salicine, composant de l’aspirine
• le Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) : Les feuilles sont purgatives et pectorales
Si mon regard se porte surtout sur l’intérêt pour les animaux dont je prends soin, vous comprendrez comme ce point de vue est limité et ne rend pas compte de l’étendue de tous les attraits des arbres plantés, qui sont à la base d’une agriculture d’abondance ! (4)
Ramener la couverture au Sol
Pas de sol nu ! Avez-vous vu cette expérience qui illustre avec une simplicité frappante qu’un sol nu ne reste pas ? Dans une vidéo qui circule pas mal sur internet des asiatiques installent deux bacs identiques, penchés, remplis d’une même quantité de terre. Deux trous d’évacuation, l’un peu après le niveau du sol, l’autre plus bas par rapport au niveau du sol. Dans un bac de terre, rien n’a poussé le sol est nu, l’autre est couvert de végétation. On verse de l’eau. Le sol nu s’effondre, immédiatement de l’eau très boueuse ressort, à la fin une grande quantité d’eau et de terres est évacuée, le sol a bougé. Dans le sol végétalisé… rien ne semble se passer. Enfin une quantité très modérée d’eau claire s’écoule depuis le trou le plus profond. La surface n’a pas bougé. (5)
Si la Nature a horreur du vide, peut-être devrions-nous en faire autant ?! Je retiens pour ma part l’importance de couvrir, laisser couverts les sols.
Des graines, des arbres, mais également du paillage et des herbes laissées hautes !
Pour pailler, couvrir un sol, il y a je crois toujours moyen de trouver !
Une vielle botte de foin laissée à moisir dans un coin nous a permis de couvrir une surface remarquable de terre décapée et desséchée. Des branchages transformées en BRF (Bois raméal fragmenté – bois coupé en touts petits morceaux et séché), des feuilles mortes compostées, des herbes hautes fauchées, ou encore de la laine de moutons après les tontes, des cartons non imprimés….
Pailler pour retenir l’eau, pailler pour permettre la ré-apparition d’une vie à la surface de la terre, des bactéries, des champignons, des vers de terres et autres vivants qui travaillent et transforment le sol, le nourrissent et le préparent à l’arrivée d’autres vivants encore, dont des végétaux de plus en plus grands (par en haut et par bas, les racines), prompts à se développer dans un environnement plus riche et fertile.
Dans cet été qui s’annonce chaud, dans notre monde dont la surface semble s’assécher, se craqueler de toute part, je constate aussi comme il est simple de le nourrir encore, de le préserver, changer mon regard et mes petites habitudes quotidiennes pour lui permettre de conserver sa capacité à prospérer !
Dans la 2ème partie de cet article, avec l’intérêt de garder l’herbe haute à mi-haute (pour augmenter la surface de captation de l’eau et limiter les effets de la sècheresse, et pour promouvoir, permettre le Vivant par les nichoirs et garde-mangers naturels, réserves d’eau ainsi constitués), l’intérêt de couper, tailler régulièrement, consciencieusement (arbres de nos haies fourragères et foin, pour stimuler, laisser la place, stimuler l’abondance), l’intérêt de garder, récupérer l’Eau (Cuves de récupération, gouttières et systèmes d’eau, plantations en fonction, fossés à défaut de mares), et l’importance d’entrer en relation, d’oser la Rencontre des Lieux (avec l’apport considérable de la communication intuitive, sensible, dans une relation d’Amour et de respect, de bienveillance et de reconnaissance du Vivant) nous donnera l’occasion de conclure.
Entrer dans le cycle de Vie avec simplicité et humilité.
Semer, bouturer, planter.
Arroser : récupérer l’eau, garder l’eau
Ce qui est mort, coupé, retourne à la terre et la nourrit : tailler et couvrir, stimuler la Vie
Ecouter, respecter la Vie, se laisser toucher
S’aimer, Semer …
Danser !